Visitations

Visitations, Grasset, 1947 (épuisé)

« Je vous ouvrirai mes tiroirs secrets. Je vous présenterai des personnages qui ne sont plus en quête d'auteur [...] mais qu'aucune action dramatique n'a encore convoqués ».

Dans cette conférence prononcée dans plusieurs villes de Suisse en 1942, Giraudoux présente à son public quelques-uns de ses « héros imaginaires », appartenant à des œuvres encore en chantier ou figurant parmi ses personnages obsédants, ceux qui ont rendu à l'auteur de récentes ou constantes « visitations ». Il propose ainsi d'abord, sous la forme d'un dialogue entre deux de ses acteurs favoris, interprètes et inspirateurs, Louis Jouvet et Madeleine Ozeray, un fragment du futur Apollon de Marsac, devenu L 'Apollon de Bellac. Puis une scène entre Dalila et Lia, qui figurera dans Sodome et Gomorrhe. Après les acteurs, voici les « hantises » et les « visions » : un « attaché de cabinet » dont la conversation avec un « Président » ne laisse pas d'évoquer la présence de Giraudoux auprès d'Aristide Briand, un « jardinier » enfin, qui après avoir figuré dans Électre apparaîtra de nouveau dans Sodome et Gomorrhe où il tentera vainement de défendre l'humble humanité contre l'apocalypse annoncée par un autre « familier » du dramaturge, « l'Archange ». À ce jardinier est aussi dévolu de réciter un fragment de l'Armistice à Bordeaux, où l'écrivain dénonce et refuse le sentiment de culpabilité que le régime de Vichy tentait d'imposer aux Français. L'ouvrage se clôt par une réflexion sur la fonction du théâtre et du dramaturge, « voix » et « porte-voix » de son siècle.