Littérature

Littérature, Paris, Gallimard, Folio, 1994.

    "Racine sait bien que rien ne se propage plus terriblement dans la famille que la passion, si ce n'est la tuberculose" (Racine)

 "Il se trouve que, du fait de Jouvet, et semblables à ces découpures de papier japonais qui ne sont que du papier, moi, qui ne me croyais que du papier, je deviens, dans la piscine jouvetienne, tantôt un chrysanthème, tantôt un glaïeul, et qu'il ne m'est pas interdit d'envisager pour mon proche avenir un épanouissement en lys ou en rose" (Le metteur en scène).

      Littérature est un recueil d’articles écrits entre 1930 et 1940. Rassemblés au mois de mars 1941 et suivis d’un  épilogue écrit symboliquement le 31 décembre 1940, aux « dernières heures » de la « pire année », alors que la France est ensevelie sous la neige et la menace de l’invasion allemande, ils exaltent les grandeurs du génie français, magnifié par ses grands écrivains, classiques et modernes. À l’heure où la nation va être humiliée, Giraudoux voit dans la littérature française, mutilée par le recours scolaire aux morceaux choisis, un miroir où se réfléchit la « valeur véritable » et la grandeur de « l’aventure française en ce monde », ainsi qu’un « réel remède » contre la tristesse et l’abattement de « la mauvaise heure ». Une première section, intitulée «Littérature », est consacrée à quatre grands écrivains : de Racine, présenté comme « un homme de lettres » dont le talent est « purement littéraire », à Laclos, seul « dénonciateur » d’un « âge de nudité, de licence et d’effronterie », et de Nerval qui a « confié son  destin à son art », à Charles-Louis Philippe, ami des humbles inspiré par « la passion des lettres ». Une seconde section, intitulée « tombeaux » est un hommage à des écrivains et artistes décédés amis de l’auteur : Émile Clermont, Pierre Freyssinet, Henri Lavedan, Édouard Vuillard. La section « polémique » est consacrée, entre autres, à l’éloge des instituteurs, à l’indignation de l’auteur lors de l’échec de Paul Claudel à l’Académie Française, et à des considérations sur la fonction de l’écrivain dans les temps actuels. Dans la dernière section, « Théâtre », Giraudoux prend à nouveau parti, comme il l’avait fait auparavant dans  L’Impromptu de Paris, pour un théâtre essentiellement « littéraire », étranger aux excès de la mise en scène, où la parole importe plus que le décor, où les subtilités du dialogue ont plus de prix que les artifices du spectacle, où l’attention du spectateur est retenue surtout par les « mérites purement littéraires du texte » et les nuances du langage. Ainsi s’affirment aux yeux de Giraudoux, à travers la littérature, et aux heures les plus sombres de son histoire, la permanence et la grandeur de la France.

Ce volume contient : Racine – Choderlos de Laclos – Gérard de Nerval – Charles-Louis Philippe – Tombeau de Émile Clermont – Tombeau d’un jeune poète – Tombeau de Henri Lavedan – Tombeau de Édouard Vuillard – Dieu et la littérature – L’esprit normalien – Institut et instituteurs – Paul Claudel et l’Académie – Caricature et satire – La bête et l’écrivain – De siècle à siècle – Discours sur le théâtre – L’auteur au théâtre – Un duo – Le metteur en scène – Bellac et la tragédie – La France et son héros