L’Ecole des Indifférents

L'École des Indifférents, (1911)

« De grandes ressemblances balafrent le monde et marquent ici et là leur lumière. Elles rapprochent, elles assortissent ce qui est petit et ce qui est immense. D’elles seules peut naître toute nostalgie, tout esprit, toute émotion. Poète ? je dois l’être : elles seules me frappent ».

 L’École des indifférents, deuxième publication de Giraudoux, en 1911, après Les Provinciales, est un essai de définition de l’existence en même temps que le manifeste inquiet et ambitieux d’un écrivain. Le succès qu’il a rencontré avec ses Provinciales l’oblige à faire au moins aussi bien. L’ouvrage présente en triptyque les tribulations essentiellement sentimentales, mais aussi artistiques de trois jeunes gens : « Jacques l’Égoïste », « Don Manuel le paresseux » et  « Bernard, le faible Bernard », qui ont en commun de mener à Paris une vie relativement aisée. Ils ont aussi en partage un indubitable sentiment de supériorité, une certaine volonté d’esthétisme et de dandysme, et une nonchalance parfois quelque peu agaçante pour le lecteur qui rêverait d’action. Ces différents personnages sont autant de projections partielles de l’auteur, comme en atteste la récurrence des images de reflets, traduisant l’impossibilité de dire le monde sans se dire. Ce triptyque est donc une sorte de roman d’artiste, présentant en creux ce que serait l’œuvre idéale selon son auteur.