la Folle de Chaillot

La Folle de Chaillot, Livre de Poche, 2002 (1ère édition : 1945)

« Vous pouvez tolérer cela, un monde où l'on ne soit pas heureux, du lever au coucher ? Où l'on ne soit pas son maître ? Seriez-vous lâches ? Puisque vos bourreaux sont les coupables, Fabrice, il n'y a qu'à les supprimer » (acte I)

À la terrasse de "Chez Francis", des hommes d'affaires veulent détruire Chaillot pour trouver du pétrole. Par le chantage, ils poussent Pierre au crime ; il tente de se suicider. Alors paraît Aurélie, Folle grotesque et sublime. Elle chasse les escrocs et redonne à Pierre le goût de la vie. Avec le Chiffonnier, Irma la plongeuse et le peuple de Chaillot, elle déclare la guerre aux « mecs » qui envahissent le monde.
Dans son sous-sol, avec les Folles de Passy, de Saint-Sulpice et de la Concorde elle constitue (en prenant le thé) un tribunal pour juger les exploiteurs. Après une plaidoirie cynique de leur avocat, incarné par le Chiffonnier, les affairistes sont condamnés. Attirés par l'odeur du pétrole, ils se précipitent dans une trappe sans fond, d'où miraculeusement ressortent les bienfaiteurs de l'humanité. L'hésitant Pierre finit par embrasser Irma et la Folle retourne à ses protégés, les animaux : « Il n'y a pas que les hommes ici-bas. Occupons-nous un peu maintenant des êtres qui en valent la peine ! »
Cette fable comique, qui donne une forme théâtrale aux propositions politiques de Pleins pouvoirs (1939), lie l'évocation du temps perdu à de surprenantes prophéties écologistes. Derrière un rôle fascinant se découvre une interrogation essentielle sur le monde. La pièce, créée à l'Athénée après la mort de Giraudoux par Moreno et Jouvet, connut un triomphe et n'a cessé d'être représentée en France et à l'étranger. Aux États-Unis, elle a été adaptée en « musical » sur Broadway, en film avec K. Hepburn (1969).