Contes d’un matin

Les Contes d'un Matin, Gallimard, Folio, 1999

« Je sortais des bras de Mme Sherlock Holmes, quand je tombai, voilà ma veine, sur son époux » (D’un cheveu)

C’est là le tout premier Giraudoux, quand il était rédacteur au Matin et écrivait de temps en temps, de 1908 à 1911, un conte pour ce journal. Onze contes au total, exercices de style et d’humour. Il s’y montre léger, parfois trop (c’est pour lui une récréation), railleur ou gentiment drôle, et joue déjà continuellement avec les mots et les clichés. Mis à part deux pastiches très réussis, d’Homère et de Conan Doyle, il s’agit surtout de faits divers fantaisistes, occasion d’animer les silhouettes traditionnelles d’un Paris populaire dont La Folle de Chaillot se souviendra. Un certain Giraudoux s’y annonce, qui se refuse encore à toute émotion. Mais des thèmes déjà lui appartiennent : le double, le hasard, le destin. Un des contes est même curieusement tragique, dire lequel exception dans un recueil qui témoigne surtout de l’insouciance de la jeunesse et de celle d’un siècle à son début. À noter que l’on joint souvent à ces contes une nouvelle antérieure de 1904, Premier rêve signé (ou Le Dernier rêve d’Edmond About), qui est d’une esthétique tout autre, et qui raconte un rêve et un amour de rêve, d’un soldat avec la femme d’un préfet. L’humour était déjà là, et l’onirisme annonçait une tonalité majeure de l’œuvre à venir.

Liste des Contes : Le Cyclope - L'homme qui s'est vendu - Le banc - D'un cheveu - Au cinéma - L'ombre sur les joues - Guiguitte et Poulet - La lettre anonyme - La surenchère - La méprise - Une carrière