Bella

Bella, suivi de cinq fragments extraits de La France sentimentale, préfacé par ALMEIDA Pierre d’, Paris, Livre de poche, 1991 (1ère édition : 1926).

« Elle semblait neuve, ne pas avoir eu d’enfance, être nouvellement créée, et tout l’artifice de notre vie sur cette terre était dénoncé à sa vue, les ennuis de la gravitation, la complication de la respiration humaine. »

   À sa parution, en janvier 1926, Bella (sous-titré à partir de 1929 « Histoire des Fontranges ») fut reçu comme un roman politique avec clefs, Giraudoux y transposant le conflit entre son protecteur Philippe Berthelot et Raymond Poincaré. Le ministre Rebendart a décidé de compromettre dans un scandale son ennemi René Dubardeau, et de ruiner ainsi la réputation de sa famille, dont il tient les membres, tous illustres, pour « les féodaux du régime ». Or le narrateur, Philippe Dubardeau, fils de René, est en secret l’amant de la bru de Rebendart, Bella, qui meurt en s’efforçant de réconcilier les adversaires, « d’agrafer les deux honneurs, les deux courages, les deux générosités du caractère français ». Mais cet affrontement ne résume pas le roman, qui est aussi une chronique de 1924, et Bella elle-même, figure pourtant rayonnante, est loin d’y être omniprésente. Le chapitre central et le dernier sont ainsi consacrés à l’histoire de son père, Fontranges, grand seigneur qui porte déjà le deuil de son fils ; il est présenté au narrateur par le banquier Moïse, qui a pris la défense de Dubardeau devant Rebendart : leur parallèle formera l’ossature d’Églantine.